Blais en conflit d’intérêts?

Lettre au ministre de l’Éducation François Blais

3 novembre 2015 | Anne-Marie Gagné, Anne-Renée Gravel et Éric Bédard - Professeures et professeur à la TELUQ

Monsieur le Ministre, fermer la TELUQ : est-ce vraiment ce que vous souhaitez ? Avez-vous été mal compris ? L’intention est tellement irréaliste, d’un strict point de vue légal, que tout porte à croire que vos intentions ont été mal comprises.

Chose certaine : laisser planer la possibilité de la fermeture de la TELUQ était totalement irresponsable. Si au moins vous aviez eu le courage de le dire vous-même publiquement. Mais vous avez préféré envoyer au front votre attachée de presse, quitte à la rabrouer plus tard en indiquant que « pour le moment, on n’est pas là du tout ». 

Cette légèreté et ce flou risquent d’avoir un impact défavorable sur les inscriptions à nos nombreux cours et programmes, auxquels sont inscrits près de 18 000 étudiants. Dans six mois, un an, vous aurez beau jeu de nous dire que, nos « clientèles » étant à la baisse, il faudrait peut-être mettre la clef dans la porte ! Monsieur le Ministre : il faut être clair et sans équivoque : soit la TELUQ reste ouverte, soit elle ferme. Pas de demi-teinte possible ici. Il ne s’agit pas seulement de sauvegarder des emplois, mais de rassurer les étudiants déjà inscrits et ceux, nombreux, qui souhaitent commencer des études à distance chez nous.

Si elle reste ouverte, la TELUQ doit-elle continuer son chemin comme si rien n’avait changé depuis son ouverture en 1972 ? Bien sûr que non ! Nous ne demandons pas mieux que de collaborer avec les autres composantes de l’Université du Québec. Mais il faut être deux pour danser le tango ! Si vous décidiez de fermer la TELUQ, vous devrez porter l’odieux d’une décision lourde de sens. Au nom de l’austérité, vous seriez le premier ministre de l’Éducation depuis la Révolution tranquille à fermer une université ! Est-ce vraiment l’héritage que vous voulez léguer ?

Dans le programme électoral du Parti libéral en 2014, il était pourtant question de« rendre plus accessible la formation continue » (p. 64). C’est exactement ce que fait la TELUQ, à sa manière et dans l’esprit de démocratisation de l’enseignement supérieur qui a été au coeur de la modernisation du Québec.

 Si vous décidiez de fermer la TELUQ, nous serions nombreux à nous interroger sur votre impartialité en tant que ministre responsable de toutes les institutions universitaires.

Ancien candidat défait au rectorat de l’Université Laval, vous avez contribué au développement de la formation à distance de votre ancienne institution. En laissant planer des doutes sur l’avenir de la TELUQ, cherchiez-vous à éliminer un ancien concurrent embarrassant ? Convenez, Monsieur le Ministre, que les apparences de conflit d’intérêts sautent aux yeux.

À court terme, une seule chose à faire : lever l’équivoque, annoncer que la TELUQ est là pour rester. Et dans un deuxième temps, proposer une offre de formation à distance de qualité, quitte à revoir nos modes de fonctionnement. Soyez sans crainte : le changement ne nous fait pas peur !

Sourcewww.ledevoir.com/societe/education/454141/fin-de-la-teluq-blais-en-confl...

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